14/09/2021
On y voit Ève croquer le fruit défendu, rouge et pulpeux « Il pommodoro », symbole de tentation irrésistible et d’interdit transgressé.
Lucas Cranach de Oude 1472 – 1553
La tomate, de la chasse aux sorcières à reine des étals
La tomate marque immanquablement le début et la fin des beaux jours de l’année. Et comme l’été a commencé pour nous, pauvres Parisiens colonisateurs des plages inondées de Bretagne, en septembre : profitons de ces moments de grâce pour en apprendre davantage sur l’histoire de la tomate, dédaignée puis adoubée.
Aujourd’hui proclamée Reine de nos assiettes d’été, procrastinant royalement sur son lit d’huile d’olive extra vierge, la tomate a dû, par le passé, surmonter bien des obstacles.
Au départ apparentée à la famille des Solanacées, ce qui en fait une lointaine cousine de la mandragore, la racine des sorcière… Pendant deux siècles, la tomate mène une double vie : dans le Sud, elle est cultivée par les paysans, dégustée brûlée vive parsemée d’ail, tandis que dans le Nord, elle est l’objet de toutes les suspicions… On l’a dit nuisible, immangeable, désagréable voire dangereuse… Cultivée pour la première fois au Mexique par les Aztèques (appelée « Tomalt »), il faudra attendre jusqu’au XVIII siècle pour que la tomate fasse sa première et timide apparition sur les étals des Halles de Paris, et le XXe siècle pour qu’elle soit enfin consommée crue et déclinée dans de savoureuses recettes : en salade, en ratatouille, en pizza, en jus de tomate, et ce, jusqu’à la dynastie Heinz de Donald Trump (que demande le peuple !). Après tout, le rouge tomate symbolise le pouvoir, la violence, la punition, le capitalisme mais aussi la beauté, la joie, l’amour, le plaisir, le communisme et le pêché. Funanbulant sur le fil du bien et du mal, la tomate a su traverser les âges et défier les préjugés, comme nous autres Parisiens : arpentant tantôt les allées sombres du métro et déambulant peu après dans les allées du marché pour soutenir un producteur local.
Tomates et Parisiens sont emplis de paradoxes, de coeur et de pêché.
Le fruit de l’arbre était-il une pomme, ou une tomate ?
Les italiens diront que c’était une pomme d'or : « il pommodoro »!
Et si tel est le cas, il ne fait aucun doute qu’il s’agirait de la « Russian Persimmon », cultivée pleine terre dans le Loiret, par l’un de nos producteur Alexandre Goueffon.
Généreuse, elle épouse la main entière de ces rondeurs. Sa couleur orange doré illumine ses cousines habituelles coeur de boeuf ou Rose de Berne. Sa chair est ferme et sa peau satinée, douce au toucher, ce qui affute la mise en bouche. Tranchée en deux on constate qu’elle contient très peu de graines, ce qui la rend dense, et son goût doux et sucré, rappelant celui de la tomate cerise, légèrement teintée de fruits et d’épices.
À savourer pour ce qu’elle est, sans autres artifices inutiles qui altèrerait sa sublime nature, elle semble idéale en salade pour égayer les teintes de rose et de rouge plus habituelles, avec un simple filet d’huile d’olive, une pincée de sumac ou quelques feuilles de basilic.
Quelques indications fondamentales avant de vous délecter de la reine des étals :
Comment choisir une tomate ?
Une bonne tomate a la peau lisse et brillante, épaisse et bien colorée. Si elle est molle et que le pédoncule bascule au premier coup de pouce, prenez garde, c’est qu’elle est trop mûre… et si la peau est fine, il s'agit probablement d'une tomate de serre.
Quel est la saison pour manger des tomates ?
De juin à novembre, la Russian Persimmon faisant partie des variétés de tomates anciennes tardives de la saison.